75ÈME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES

DÉCLARATION DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

New York, le 21 septembre 2020

Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire général des Nations unies,
Mesdames et Messieurs,

Le 26 juin 1945 à San Francisco, alors que la guerre faisait encore rage dans le Pacifique, nos prédécesseurs se sont accordés sur une triple promesse : préserver les générations futures du fléau de la guerre ; affirmer les droits de l’homme et l’égalité des nations et favoriser le progrès social dans une liberté plus grande.

En 75 ans d’existence, l’organisation des Nations-unies, notre maison commune, est restée fidèle à cette promesse. Face aux conflits armés avec les Casques bleus ; face aux défis de l’atome et de l’arme chimique avec l’OIAC et l’AIEA ; aux côtés des réfugiés avec le HCR, des enfants avec l’Unicef ou des travailleurs avec l’OIT ; et plus récemment, aux avant-postes de la lutte contre le changement climatique avec le GIEC, les Nations unies ont su, quand nous leur en avons donné les moyens, être à la hauteur des espoirs placés en elle. Et j’oublie bien évidemment nombre de structures, d’organisations satellites qui jouent un rôle essentiel dans le cadre des Nations unies.

Aux noms de ces institutions, toutes récompensées par le prix Nobel, s’ajoutent ceux des artisans de paix qui les ont créées, dirigées, incarnées et défendues. De Cordell Hull à Dag Hammarskjöld, de Koffi Annan à Martti Ahtisaari, comme des milliers de personnels civils et militaires déployés sur les terrains les plus difficiles, ils ont consacré et parfois risqué leur vie au service des Nations unies. Leur engagement nous honore ; leur sacrifice nous oblige. Le sacrifice de dizaines de milliers d’anonymes nous oblige.

Il nous oblige à regarder les choses en face : notre maison commune est en désordre, à l’image de notre monde. Ses fondations s’érodent et ses murs se lézardent, parfois sous les coups de boutoir de ceux-là même qui l’ont construite. Des tabous que l’on pensait inviolables sont levés : la guerre d’annexion, l’usage de l’arme chimique, la détention de masse, dans l’impunité. Des droits que l’on croyait acquis sont bafoués. Et notre système international, prisonnier de nos rivalités, n’a plus la force de sanctionner ces abus .

À l’heure où la pandémie nourrit la peur du déclin, le récit de l’impuissance collective, je veux ici le dire très clairement : face à l’urgence sanitaire, face au défi climatique, face au recul des droits, c’est ici et maintenant qu’il faut agir, avec ceux qui veulent et avec ceux qui le peuvent, en exploitant tous les espaces possibles de coopération.C’est ce que nous avons fait, ces derniers mois, à l’échelle de l’Europe, en dépassant nos propres divergences dans un effort de solidarité sans précédent.

C’est ce que nous avons fait avec l’Afrique, pour réduire le poids des dettes, soutenir les systèmes de santé, et porter secours aux populations les plus fragiles. C’est ce que nous avons fait à l’assemblée mondiale de la santé, Monsieur le secrétaire général, en adoptant à l’unanimité, une résolution qui ouvre la voie à une réponse plus efficace aux pandémies.

« C’est dans la nuit qu’il est beau de croire à la lumière », écrivait Rostand. Je crois pour ma part à ce multilatéralisme des actes, plus que des mots. C’est pourquoi je vous donne rendez-vous dans les mois qui viennent, au forum de Paris, au congrès mondial de la nature, au forum génération égalité et partout où nous pourrons faire œuvre utile, pour mettre ce multilatéralisme en pratique. Pour être à la hauteur des engagements qui furent les nôtres alors que les armes ne s’étaient pas encore tues à l’autre bout du monde. C’est à nous de faire. Et nous ferons.

Dernière mise à jour le : 23 septembre 2020